18 mai 2014

FRIEND OF MISERY INTERVIEW

FRIEND OF MISERY :

 Fred Bartolomucci & Kryss Michel

Personne ne peut dorénavant l'ignorer (lire notre chronique), notre beau pays vient d'accoucher avec ce deuxième album « Agents Pathogènes » du monstre métallique lorrain FRIEND OF MISERY un pavé qui fera date. Sincérité émouvante, vision claire et ventre affamé, tout ici demeure humilité mais non dénuée de saines et nécessaires ambitions.
Franche conversation avec les très (très) sympathiques Fred Bartolomucci et Kryss Michel, respectivement chanteur et guitariste, dont la foi en ce heavy death atmospheric metal sans concession réchauffe le cœur. Et nos ouies, ravies-


Tout d'abord, présentez les membres actuels de FRIEND OF MISERY aux lecteurs assidus & affamés de HARD FORCE
Il y a Kryss à la guitare ; Flavien au synthé et séquences ; Jean Yves à la batterie et Fred au chant. Le line-up évolue pas mal chez FRIEND OF MISERY...
Fred : On a créé ce groupe à deux, Kryss et moi, puis il nous a semblé important, voire nécessaire de faire de la scène et du coup nous avons recruté un autre guitariste, un bassiste et un batteur, Toutefois ce line-up n'a pas tenu longtemps. Le bassiste et le guitariste sont partis à cause de problèmes personnels importants, quant au batteur... disons qu'il est parti avant que l'on ne s'en sépare !
Tiens, d'où vient ce nom de groupe...?
Fred : C'est Kryss qui a amené le nom, il vient du morceau de METALLICA mais il nous représente plutôt bien nous sommes des « compagnons d'infortune »... c'est même notre fond de commerce !
Fred, quels souvenirs gardes-tu de l'épopée SCARVE (« Six Tears Of Sorrow » en 1997) ?
De gros souvenirs, de grosses frustrations aussi, un Dirk Verbeuren sur tous les fronts, les prémices de ce qu'allait devenir SCARVE, plein de découvertes, les deux pieds dans un nouveau monde, mon premier CD, de supers concerts mais trop peu souvent, mais une belle période toutefois !
"Chaque texte de FRIEND OF MISERY est un voyage introspectif assez torturé" - Kryss Michel
Quel regard portez-vous sur votre premier album, intitulé « Memento Finis », sorti en 2012 ?
Fred : La rencontre entre Kryss et moi fut un hasard qui s'est transformé en évidence, les mêmes peines, les mêmes douleurs, des parcours de vies très proches, une même colère introspective, une unité. Nous avons fait cet album dans l'urgence, 14 morceaux en 1 an ! Ce fut une délivrance et un retour aux sources !
Kryss : Cet album était spontané, frais et irréfléchi. à la base, il ne devait d'ailleurs pas s'agir d'un vrai album, mais juste d'une trace que l'on voulait garder Fred et moi, de nos écrits et compos. puis de fil en aiguille, ça s'est changé en album... on s'est basé sur nos expériences de vie, et sur les groupes phares qu'on aimait tous les deux, sans trop se poser de questions...
Sur ce nouvel album «Agents Pathogènes» (paru en avril chez Send The Wood), on ressent une certaine évolution stylistique. Plus moderne dans votre approche musicale malgré une saveur old school. Avez-vous approché cet album différemment du précèdent ? Continuité ou changement radical pour le prochain album ?
Fred : Nous nous sommes ouverts à d'autres horizons musicaux, avons découvert d'autres groupes, d'autres façons de jouer, de composer. Et puis nous avions besoin de plus de puissance pour porter les textes que nous écrivions, de plus de violence, de plus de rage. Le ton s'est naturellement durci. Personnellement je pense que le prochain album sera différent dans une certaine continuité !!!
Kryss : Sur cet album, on est sortis des carcans, des chemins balisés sur lesquels on se baladait auparavant. Jamais on ne s'est dit « tiens, on va faire ce style » ou « tiens, si on faisait du untel... ». Les riffs se sont durcis naturellement, l'univers dont on avait bâti les fondations avec « Memento » s'est enrichi, élargi, et personnellement, j'ai puisé dans mes influences non metal (dark wave, cold wave), pour créer une sorte de maelström.
Les textes sont une part importante de votre personnalité. Un réel travail est effectué. Quels sont les déclencheurs de cette prose affirmée ?
Fred : Mes peines, mes douleurs, mes rages, mes incompréhensions, mes peurs...
Kryss : Chaque texte de FRIEND OF MISERY est un voyage introspectif assez torturé. Ce qu'il y a dans les textes, c'est juste ce que l'on est.
On ressent dans cet « Agents Pathogènes » une sorte de mélancolie, voire des bribes ici et là de nihilisme... tout va bien chez vous ?
Fred : Écoute je pense que oui !!! Je reste lucide sur mes limites, mais je ne supporte pas la trahison quelle qu'elle soit ! La colère est un superbe moteur à la création ! De la rage vient la haine, de la haine vient le dégoût. Je me protège comme je peux en fait...
Kryss : Parler de nihilisme me semble peut-être un peu exagéré. mais c'est vrai que sous certains angles, ça pourrait prêter à le croire. On parlera plutôt de pessimisme exacerbé, ou tout simplement de réalisme... nos émotions quotidiennes nourrissent nos créations. c'est assez thérapeutique finalement...
"Avant un concert je suis tranquille, puis je laisse monter la rage et je la libère !" - Fred Bartolomucci
Le fait de résider en Lorraine influence-t-il le processus de composition ? Existe-t-il un "micro-climat" qui pèserait sur votre propension à délivrer un metal si sombre et ravageur ?
Fred : Je ne pense pas que la région y soit pour quoi que ce soit ! Ce metal sombre et ravageur ce sont les autres qui nous l'imposent par leurs trahisons, leurs hypocrisies, leurs superficialités. A force de te prendre des coups, il y a un moment où tu te redresses et tu répliques... Voilà donc cette réplique !
Kryss : C'est sûr qu'on ne vit pas dans la région la plus sexy qui soit...
Au regard de la profonde production de ce deuxième album, son massif et clair, qui s'en est chargé ?
Fred : C'est Flavien Morel qui s'est chargé de l'enregistrement, du mix, du mastering, de la programmation des batteries et des nappes de synthé ! Plus l'intro ! « Aphasie » est son morceau !
Kryss : Flavien a fait un super boulot sur cet opus. il a compris notre univers, notre démarche.
Pour ceux qui découvrent FRIEND OF MISERY, peux-tu présenter quelques titres en expliquant leur sens profond, leur moelle véritable ?
Fred : C'est un peu difficile de décortiquer et présenter des morceaux. Certains sont des brûlots (comme « Arborescence » et « I comme »), d'autres des voyages étranges et angoissants (comme « Tesseract » et « Pluies Acides »), les autres sont un mélange de tout çà.
Jonathan Devaux de HORD est présent sur le morceau « Ailleurs ». Comment s'est initiée la rencontre ?
Fred : Simplement, par le biais de HORD, en le contactant sur Facebook. Et de fil en aiguille il a accepté de jouer sur « Ailleurs » ! C'est d'ailleurs comme ça que nous avons signé un contrat de management et de distribution chez Send The Wood Music, simplement ! On embrasse d'ailleurs Nancy et Hadrien !
Vous étiez d'ailleurs il y a quelques jours en concert aux cotés de HORD (Vendredi 2 mai 2014 à Volmerange-les-Mines avec aussi LODZ et ARTEFACTS), et au regard des vidéos qui circulent déjà sur internet, votre prestation fut à l'image de votre album, intensive. Comment appréhendez-vous le passage du live ? Dans quel état d'esprit êtes-vous lorsque vous foulez les planches ?
Fred : Nécessaire. Avant un concert je suis tranquille, puis je laisse monter la rage et je la libère ! De plus, nous n'avons pour l'instant eu que des retours positifs concernant l'album ! C'est très valorisant et très encouragant !
Kryss : Etant d'un naturel assez solitaire et peu communicatif, la scène n’était pas censée être mon lieu de prédilection... Je suis toujours très tendu avant de jouer, faut pas trop me parler !! Puis une fois sur les planches, je mets tout sur OFF... et là, c'est une forme de délivrance.
Après toutes ces années passées sur la scène métallique, reste-t-il des rêves à réaliser, et des désillusions à oublier...?
Fred : Des désillusions, je n'en ai pas tant que ça. J'ai vécu des instants de pure magie, des concerts où plus rien n'est important, et j'en suis heureux. Je suis d'autant plus heureux de ce qui arrive avec FRIEND OF MISERY car pour moi, c'est le groupe que j'attendais depuis tout ce temps !
Kryss : J'aurais pas pu dire mieux. après, les rêves, forcément, ce sera les mêmes que n'importe quel autre groupe... aller le plus loin possible. enregistrer, jouer live, le plus possible....
Qu'est ce qui vous nourrit, musicalement parlant (en dehors de l'Hypocras et de la quiche bien sûr...) ? Quelles sont vos influences musicales ?
Fred : Je n'écoute que du metal, rien d'autres ne me fait vibrer. Mes influences principales se résument à 5 groupes : JUDAS PRIEST, DIO, NEVERMORE, MESHUGGAH, GOJIRA.
Kryss : Pour ma part, je n’écoute pas que du metal, comme je le disais plus haut, j'ai beaucoup écouté de dark wave, mais aussi du classique. mes plus grosses influences... pfiouh ! GOJIRA en effet, NEVERMORE également, HYPNO5E, MY DYING BRIDE, PARADISE LOST...
Les 3 derniers albums achetés (metal et hors-metal) ?
Fred : LODZ - « Something In Us Died » ; TESSERACT - « Altered States » ; THE OCEAN  - « Pelagial ».
Kryss : HINSIDIG - « I en Tidlos Host » ; TOTALSELFHATRED - « Totalselfhatred » et le « Tragic Idol de PARADISE LOST, mais ça commence à dater çà !
Des prochains concerts en prévision ?
Fred : En juin, juillet, septembre, octobre, novembre !...
Un dernier mot pour les lecteurs rassasiés de HARD FORCE ?
Fred : La France a un viviers incroyable de talents ! Des groupes fantastiques ! Soutenez-les ! Et soutenez-nous par la même occasion !!!

interview Mel Delacroix pour HARD FORCE WEB

Album disponible « Agents Pathogènes »
Contact : avcmusique@hotmail.fr
site officiel: http://avcmusique.wix.com/fri3ndofmis3ry

5 mai 2014

PARIS : Only One Life

French Hard FM ?
Certains rient.

L'horizon : du bitume et des tours, dans le pays sans doute le moins rock de la planête, difficile d'imaginer une California Way Of Life, quand nos côtes n'ont plus la cote, et qu'il ne reste que RTL 2 pour tenter d'y croire encore...


Mais certains y croient, et oeuvrent. Imperial Slama chef de file au cahier des charges, et enfin un digne enfant de la balle, PARIS, tandem formé sur les bancs de l'ecole au coeur des glorieuses eighties, quand Frederique Dechavanne (chants & claviers) rencontre Sebastien Montet (guitares), une alchimie se crée et de là la magie opère : PARIS est né, et proposera sous la houlette et le regard bienveillant d' Alessandro del Vecchio qui produira l'oeuvre, faisant de par là-même profiter le duo de son carnet d'adresses, en invitant à la party des rubis tels Robert Sall (guitariste chez Work Of Art, WET), Alessandro Mori et Anna Portalupi (Lionville), et celui qu'on ne présente plus, Steve Newman de chez...Newman... un superbe album de Hard FM, lettres majuscules, petit bijou de rock mélodique racé aux envolées (multi) vitaminées.


«Only One Life»(sorti il y a quelques mois), plus qu'une carte de visite, s'assure en moins de temps qu'il faut pour le dire une place de choix dans le top 5 des grandes sensations FM/AOR de ces dernières (riches) années. Les retours gagnants de FM et Boston, le dernier opus solo de James Christian ou encore l'incroyable «Wings Of Love» de FIND ME (pour une liste encore plus détaillée s'adresser au très compétent Stephan Biard, collègue de chez nos confrères de Rock Hard France) valorisent davantage la qualité intrasèque de ce premier album, prouvant par cette belle démonstration que vivre son rêve vaut toujours mieux que de rever sa vie. Belle leçon d'optimisme, d'abnégation, sans oublier un talent certain liant les deux mélodistes.





Comme toujours fignolé dans les moindres détails (le genre l'exige), confort d'écoute maximal, l'album s'offre comme un langoureux cognac, dégusté sur la soie d'un sensuel couché de soleil, embruns et brune au gloss engageant en sus, bien loin du périph' en somme...


«Every Time You Walk Away», premier parfait single hautement addictif (décliné aussi en vidéo) annonce la teneur de l'album, fermez les yeux et vous y êtes : vous rajeunissez vous palpitez le bonheur n'est pas loin. C'est du gros son, jamais mièvre, claviers interstellaires, guitares mordantes qui tracent la route, virages west coast musclés («Dancing On The Edge» ou « What Should We Be Saying» qui ouvrent l'album) ou autoroutes plus directement rock («South Of Love»), on trouve aussi  réconfort sur l'aire de repos qu'est «Longer Than I Care To Remember», que ne renierait pas un hysterique Def Leppard. On se moule dans le cuir, on savoure la ballade. L'enivrante balade.


Superbe premier album qui tient une place particulière dans le coeur de votre serviteur, tant cette musique (et les rêves et puissantes émotions qu'elle charrie) est un composant primordial de son biotope, constituant nombre des cellules de ce «Son Of Beach» que je suis...


 French Hard FM...alors quoi ? Même si urbain, éxilé, enfermé, abimé ou perdu, le pari est gagné : Ces mélodies vous emmênent loin, très loin.


Cette musique ne respire qu'une seule chose : la Liberté.
Quoi de plus normal alors que cette musique ait trouvé un patronyme si parfait : PARIS

2 mai 2014

FRIEND OF MISERY : Agents Pathogènes


 
Quid de la mutation, de la transfiguration, d'un foetus-chrysalide qui n'en revait pas tant, s'eveille la matière pure, vois les soubresauts du Monstre Lorrain qui font écho, et plus rien ne sera comme avant.

FRIEND OF MISERY ose, se désosse, crêve de faim, et son Metal Souverain annihile tout sur son passage. Loin aujourd'hui d'un carcan métallique trop étroit (premiers émois avec «Memento Finis» et un EP « Arborescence »), la Famille (cette unité, cette connivence, ce parallélisme d'âmes est flagrant tout au long de l'oeuvre) composée de Fred Bartolomucci (ex Scarve) aux vocaux clairs & growlés, ample, investi, incarnant des compositions acérées brodées sur des textes écrits en français introspectifs et ciselés (on ne réside pas dans la superbe ville où naquît Paul Verlaine sans tenter de verser un juste tribut) magnifiés par l'architecture musicale d'un Kryss Michel démentiel,  portant aux cieux mélodies aux facettes sombres que ne renierait certainement pas un Jeff Loomis, cette cellule de combat (complétée sur l'album par les explosions atomiques de F. Dufresne Dascoli aux guitares, H. Lemoine à la basse et F. Morel aux synthés et autres programmations, magnifiant de par ses inquiêtantes interventions le rendu oppressant de ces "Agents Pathogènes" distribué par Send The Wood Music) aujourd'hui arbore l'essence même de son existence : Survivre à l'Hostile, qu'il soit ennemi exterieur (une conscience écologique en sous texte) ou interieur (névroses, misanthropie etc ...).

Un metal lourd, sombre, tortueux mais ambitieux, qui jamais ne lasse tant la masse musicale sait être mouvante, reptilienne mais toujours menaçante ("Poussières d'asphalte", "Apnée").

Déchirant de part en part le fuselage, sous la chair se découvre aussi une certaine mélancolie, peut-être même un peu plus... sous les strates en grattant trouverons-nous quelques clous rouillés, vestiges de Gorgias...Une vision de l'Humain sans concession, âpre, mais toujours au bout du tunnel, la Lumière.
Et ce (Moderne) (Death) (Hypnotique) Metal Progressif est halo.

FRIEND OF MISERY ose, et c'est à cela qu'on le reconnait: mélodies imparables, choeurs aériens, divins solis, rythmiques épileptiques ("Ailleurs" avec la participation de Jonathan Devaux de HORD ou encore "Tesseract" ), rien n'enserre le combo, il voyage à son gré, foule fierement les terres d'un Nevermore (encore), empreintes Tooliennes voire Voivodiennes et cuir old school.
Un puissant métal racé, hors des sentiers (ra) battus, qui impose le respect.

Album charnière sans aucun doute (le prochain sera-t-il leur "Black Album" ? Souhaitons- leur le même succès...), "Agents Pathogènes" vous contaminera et à cela, aucun antidote.
Metal Viral-


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