26 nov. 2014

CRIS LUNA : Maëlstromm

Le pauvre homme vivotait dans un chaos d’innovations continuelles et acharnées, en un endroit précisément ou ces innovations s’effectuaient ostensiblement et impitoyablement. — (H.G. Wells, La Guerre dans les Airs)

 les ampères opèrent, et dés le premier morceau "Shades oF Black", rythmiques dignes des Kinks qui auraient fauté avec les fulgurances d'un Steve Stevens ,  perforations electriques d'un Oasis grande époque avec ambiances progressives sous Lyserg Saüre Diäthylamid, cette nouvelle déflagration (et le mot est anorexique), après le premier album paru en 2011, "Babylon Child", du talentueux et eclectique rock band français CRIS LUNA  (au départ one-man band de Metz aujourd'hui complété par Hervé Rouyer aux peaux ainsi que par Laurent lepagneau aux guitares additionnelles et keyboards, qui se charge aussi du mixage bombastique !) est soniquement jouissif, imperativement orgasmique,  epidermiquement addictif .

"Maelstromm" ne ment pas, c'est un voyage au coeur d'un océan déchainé dans lequel nous succomberons avec delectation aux chants enjoleurs de cette improbable sirene, Cris, (voix, guitares, basse, keyboards, paroles & musique, production...) artiste avant-gardiste, s'arrachant les tripes et offrant une oeuvre absolument dantesque par sa démesure (l'ampleur du spectre musical et de ses réferents est juste affolant, aucune utilité ici d'etiqueter ou d'emprisonner cette musique indomptable dans des casiers trop restrictifs pour definir ces éruptions mélodiques) et si abordable par l'etonnante facilité par laquelle elle se laisse apprehender, domestiquer, pour (croyez-moi) ne plus quitter votre platine.


Dans cette demonstration ambitieuse et totalement aboutie, un parallele pourra s'établir ici avec KadenzzA, (de par nos contrées trop méconnu), un one-man band japonais pratiquant un Open Black Metal hallucinant (et même si le genre demeure à l'opposé), dans lequel se trouvera de nombreux points de jonction avec notre ami Cris tant cet eclectisme musical, genie dans l'execution et ces affranchies visions ne s'embarrassent d'aucune limite.
 Contrairement au Bateau Ivre, ce fier vaisseau harmonique sera insubmersible. 

On brasse large, hyperventilation et état de transe, "Lost" convoque NIN (les vocaux de Cris souvent seront comparables à ceux d'un autre visionnaire, Trent Reznor) tandis que le proto-rock stoogien "Six Strings", saturé, laissera le fan des rugueux Jon Spencer Blues Explosion sur le carreau. Detroit / New York même combat.
Grand morceau épique aux ambiances eighties, Burnel en burn-out (comme d'hab'...), "My Lady" sombre dans une "Folie" douce imputable aux Stranglers et autres Jesus and Mary Chain, 6.22 mn de purs frissons. On change encore de feeling (et c'est la grande force de cet album) pour s'encanailler sur un riff des Smiths, humeur Britpop, l'Hacienda open pour encore une nuit sans fin. Extase qui nous fera glisser sur les soies drapant un éphémère Syd Barret, regardant avec admiration les offrandes de ses enfants putatifs, "Eternal (Freeway To Love") comme enveloppé de guitares sibyllines, échappées d'un vaporeux Space Oddity, Sweet Smoke & Fields Of The Nephilim pour les vapeurs toxiques, et ces dernières note de John Murphy comme épitaphe, ces notes qui 28 jours plus tard auront consumé toute résistance...Assurément l'autre pièce maitresse de cet album époustouflant qui se concluera avec un déluge electrique, tribal, s'éloignant des basiques Prodigy pour davantage s'enraciner dans la matière noire d'un NIN, une fois encore ("Invisible Legion").


La traversée fut magnifique, (durera plus d'une année...) car sans conteste CRIS LUNA, pavillon au vent, horizon dégagé, vient d'offrir avec cet impétueux arc sonore "Maëlstromm" une superbe oeuvre (sans oublier un superbe artwork  très soigné et une pochette crée spécialement par l'artiste peintre plasticien Morrison ), un album qui trouvera place de choix le restant de mon existence aux cotés de mes "Fun House ", "Who's Next" et autres "Acme".


Allez, soyons clair jusqu'au bout : Chef d'oeuvre, pas moins-